De février à avril 2021, Mathilde a amené son cheval Cobalt en pension temporaire chez nous, aux Écuries Saint Victor, notamment pour bénéficier de notre approche professionnelle de l’équitation éthologique. Ces trois mois ont été intensifs en termes de rythme et d’apprentissage pour chaque membre de ce duo. À la fin de leur séjour, nous avons demandé à Mathilde de nous raconter cette expérience.
Comment as-tu connu nos écuries ?
J’ai découvert le centre équestre grâce à une amie chez qui Cobalt vit au pré en temps normal. J’étais intéressée par l’approche éthologique et lorsque j’ai vu l'évolution impressionnante de sa relation avec son cheval, après trois mois aux Écuries Saint Victor, je me suis dit que c’était le moment pour Cobalt et moi.
J’avais déjà conscience du manque de structures de travail et d’espaces adaptés au sein du lieu où se trouve mon cheval pour réellement pouvoir poser des bases solides. Mais c’est surtout l’aide précieuse qu’Audrey pouvait nous apporter, que je connaissais également, qui m’a décidée. J’ai alors pris contact avec elle, un an avant de réaliser notre « immersion » afin de recueillir les différentes informations, puis un mois avant de venir pour l’organisation concrète.
Peux-tu nous parler de ton histoire avec Cobalt ?
Je l’ai vu la première fois quand il avait 4 ans chez un éleveur. J’ai fait plusieurs aller-retours et j’ai d’abord refusé de l’acheter : il était nerveux et manquait de patience. Bien que je ne cherchais pas à acheter le cheval parfait, j’avais des craintes au vu de son comportement. Pourtant, l’intuition était plus forte et c’est finalement devenu mon cheval ! Quelque chose m’attirait chez lui, c’est drôle non ?
Les premiers mois ont été compliqués : il donnait beaucoup de coups avec ses membres, me jetait du montoir, etc. J’ai engagé un travail avec lui et progressivement, il a changé de comportement, est devenu plus doux. Comme son éleveur l’avait débourré de manière éthologique, il m’a donné quelques exercices à réaliser avec Cobalt afin de le mettre dans sa bulle, dans ses repères.
Depuis que je l’ai acheté, on est passés par des hauts et des bas. Je me suis rendue compte de la connexion particulière que permet l’approche éthologique. Je souhaitais donc m’orienter autour de cette méthode pour travailler avec Cobalt. Une fois sa « crise d’adolescence » passée, je me suis dit pourquoi pas : il était prêt !
Quelles étaient tes attentes pour ces trois mois aux écuries ?
Cela faisait plusieurs années que l’on ne travaillait plus à proprement parler : on ne faisait que des balades. Nous devions alors tous les deux nous améliorer et travailler ensemble.
Avec les conseils d’Audrey, j’ai d’abord voulu obtenir mon savoir 1 en équitation éthologique aux Écuries Saint Victor car je mesurais l’importance de réaliser un travail sur moi. J’avais conscience de mes propres freins et fragilités : comme la majeure partie des difficultés rencontrées dans la relation sont dues au cavalier, il était primordial de parfaire mon savoir-faire.
« Grâce à la formation éthologique dispensée par Audrey aux Écuries Saint Victor, j’ai compris les diverses subtilités de la relation avec l’animal et l’importance d’avoir un cadre clair et bien défini. Cela permet alors de développer une réelle connexion avec le cheval, d’en faire un nouveau partenaire. »
En ce qui concerne Cobalt, j’espérais pouvoir l’aider pour s’habituer aux transports, pour être plus patient ou encore pour évoluer sur la technique. En effet, comme on faisait seulement des promenades, il n’avait que les compétences de base. Il fallait alors commencer le travail sur le plat, sauter ou améliorer les comportements à l’attache, etc.
Comment se sont déroulés vos trois mois parmi nous ?
Audrey nous a vraiment bien cernés et nous y sommes allés progressivement. Tout d’abord, la première semaine s’est beaucoup axée autour du travail à pied et de l’émotionnel. Cobalt avait énormément de colère en lui. Il était donc important de régler ces soucis en premier lieu avant de travailler sur quoi que ce soit d’autre. De fait, un travail sur le comportement et le mental a été effectué et cela lui a fait beaucoup de bien. Par la suite, nous avons débuté le travail monté. Le planning était préparé selon mes disponibilités. Je voulais réellement m’investir dans ces apprentissages alors je venais quatre fois par semaine. Les séances étaient complètes et variées : à pied, balade ou travail monté.
« Comme j’aime si bien le dire, Audrey est "une main de fer dans un gant de velours" : elle fait preuve d’une justesse dans ses paroles, a une observation et une clarté au niveau de ses explications, on ne peut que comprendre nos blocages et s’améliorer dans la bienveillance, que ce soit pour le cheval ou le cavalier. »
Les débuts ont été compliqués pour Cobalt, il ne comprenait pas beaucoup ce qui lui arrivait. Toutefois, il s’est bien adapté et nous avons appris plein de choses. Au travers de son regard, Audrey nous a permis de développer notre confiance, en moi et en nous, et Cobalt a fait des progrès, bien plus que ce que j’espérais : perte de poids, développement de la musculature, patience, etc.
Peux-tu nous parler un peu plus de l’évolution de Cobalt ?
Dorénavant, Cobalt connaît très bien les bases du dressage. Bien qu’au début il ait beaucoup testé - nous avons dû modifier l’embouchure sinon je me faisais “tracter” dans la carrière - petit à petit, il a compris qu’il s’agissait d’un travail qui pouvait nous être bénéfique à tous les deux et que ce n’était pas une punition. À présent, nous sautons des obstacles et les balades se déroulent sans aucun souci. Il est métamorphosé ! Il tient les allures, fait même des trèfles au galop et des exercices de PTV.
« Si le cheval est concentré sur toi, que tu as la bonne posture et que tu sais ce que tu veux, il n’y a aucune raison que cela ne fonctionne pas. »
Quel est ton ressenti concernant ces trois mois ?
L’équipe et le cadre sont tout bonnement top ! Il s’agit de la mentalité et des valeurs que je recherchais depuis longtemps (bienveillance, soutien, justesse, respect de l’animal) et que je ne retrouvais pas dans les centres équestres que j’ai pu côtoyer.
J’ai pu percevoir énormément d’évolution que ce soit pour Cobalt ou moi-même, avec une réelle prise de confiance dans notre duo. Bien que nous soyons à distance, nous étions encore plus connectés, notre relation est réellement renforcée. Au travers de cette expérience, nous avons grandi, cela ne nous a apporté que du positif.
Et maintenant, quels sont vos projets ?
J’ai vraiment pour objectif de continuer à mettre en place les exercices appris avec Audrey pour parfaire et pérenniser les comportements. Je souhaite également changer de voiture afin de pouvoir me déplacer avec Cobalt et venir prendre des cours régulièrement aux Écuries Saint Victor. Idéalement, j’aimerais venir une à deux fois par mois et prendre une carte de leçons d’équitation. Enfin, par rapport à l’équitation éthologique, je veux réellement continuer dans cette voie avec Cobalt et passer les autres savoirs.
As-tu un mot à nous dire sur l’apprentissage éthologique ?
Top de top, je ne peux pas mieux le résumer. L’équitation éthologique permet une réelle prise de conscience sur l’importance de la posture au millimètre près.
« Si nous, en tant que cavalier.es, ne sommes pas bien placé.es, ou n’anticipons pas suffisamment, le cheval peut se trouver perdu.
Ainsi, cela permet une juste compréhension de son rôle dans la relation avec le cheval et nous pouvons alors développer une connexion très importante. Dès que nous comprenons cela, nous pouvons tout réaliser à deux. »
Témoignage recueilli et mis en forme par Manon Huet pour les Écuries Saint Victor
Photos : @Mathilde
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